Mon enfance

Maintenant je vais vous parler un peu de mon enfance si vous voulez.
Mon enfance... Bien sûr vous savez que jusqu'à un certain âge on n'a pas conscience, on n'a pas de souvenirs, ou alors si on en a c'est... – si, il y a des choses quand même qui vous ont peut-être frappé ou que
vous avez retenues. – mais il y a Jeanne Garoche aussi et surtout, je pense, les on-dit. (1921)
Ce qu'on vous a répété, qu'on vous a tellement dit que vous avez fini par croire que vous le viviez réellement.
Vous savez que je suis née le 26 août 1914. Papa avait été mobilisé dès les premiers jours de la guerre, c'est-à-dire dès le début août. Donc il n'était pas là quand je suis née. Savez-vous où je suis née ? Au Vau-Belay. Sûrement Maman était désorientée car Papa était parti à la guerre. Et n'ayant pas de grands moyens d'existence je n'ai pas trop su ce qui s'était passé... Je réalise en disant cela que ma tante Rosalie, du côté de Maman, nous a fait venir au Val-André où elle tenait un hôtel. « Hôtel des graviers » ça s'appelait. Je l'ai d'ailleurs revu, ce nom-là n'existe plus mais la maison existe toujours.
Donc elle nous a fait venir moyennant que Maman travaille et elle nous nourrissait mon frère et moi. Alors de ce temps-là j'ai gardé quelques souvenirs parce qu'on m'a raconté aussi. Il paraît que je chantais La Madelon, parce qu'il y avait aussi – comment je vais appeler ça – une communauté Jeanne d'Arc à côté de la Rotonde comme à Saint-Quay, qui pendant la guerre servait d'hôpital, enfin il y avait beaucoup de soldats. Et comme ma tante faisant hôtel-restaurant, il venait sûrement à boire des militaires. Et comme j'étais gamine – enfin j'avais déjà sûrement quatre ans à ce moment-là, je circulais à travers les tables sans doute – ils m'ont appris La Madelon. Ensuite on me plantait – je n'étais pas haute comme trois pommes – on me mettait debout sur la table et je chantais La Madelon. Cela m'a emmené jusqu'à Saint-Quay-Portrieux parce que je me rappelle que les institutrices m'en parlaient. Et comme en ce temps-là on était encore un peu patriote, ça y allait La Madelon.
Autrement pour que le temps se passe Maurice m'emmenait sur la plage. Il en a gardé des souvenirs je m'en rappelle. Il me le reprochait tout le temps, moi forcément, j'étais petite et plus ou moins propre. Ça ne l'amusait pas. Il avait à peine six ans de différence tout de même et dam ! S’occuper de sa sœur – qui était quand même bébé – ça ne l'amusait pas trop.
Enfin bref la guerre s'est passée comme ça.

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